jeudi 30 juin 2011
Le projet Aladin
mercredi 29 juin 2011
Victor Hugo - Extrait.
Mon sentier d'autrefois qui descend vers la Seine ;
Je ne puis plus aller où j'allais ; je ne puis,
Pareil à la laveuse assise au bord du puits,
Que m'accouder au mur de l'éternel abîme ;
Paris m'est éclipsé par l'énorme Solime ;
La haute Notre-Dame à présent, qui me luit,
C'est l'ombre ayant deux tours, le silence et la nuit,
Et laissant des clartés trouer ses fatals voiles ;
Et je vois sur mon front un panthéon d'étoiles ;
Si j'appelle Rouen, Villequier, Caudebec,
Toute l'ombre me crie : Horeb, Cédron, Balbeck !
Et, si je pars, m'arrête à la première lieue,
Et me dit: Tourne-toi vers l'immensité bleue !
Et me dit : Les chemins où tu marchais sont clos.
Penche-toi sur les nuits, sur les vents, sur les flots !
A quoi penses-tu donc ? que fais-tu, solitaire ?
Crois-tu donc sous tes pieds avoir encor la terre ?
Où vas-tu de la sorte et machinalement ?
Ô songeur ! penche-toi sur l'être et l'élément !
Écoute la rumeur des âmes dans les ondes !
Contemple, s'il te faut de la cendre, les mondes ;
Cherche au moins la poussière immense, si tu veux
Mêler de la poussière à tes sombres cheveux,
Et regarde, en dehors de ton propre martyre,
Le grand néant, si c'est le néant qui t'attire !
Sois tout à ces soleils où tu remonteras !
Laisse là ton vil coin de terre. Tends les bras,
Ô proscrit de l'azur, vers les astres patries !
Revois-y refleurir tes aurores flétries ;
Deviens le grand oeil fixe ouvert sur le grand tout.
Penche-toi sur l'énigme où l'être se dissout,
Sur tout ce qui naît, vit, marche, s'éteint, succombe,
Sur tout le genre humain et sur toute la tombe !
Mais mon coeur toujours saigne et du même côté.
C'est en vain que les cieux, les nuits, l'éternité,
Veulent distraire une âme et calmer un atome.
Tout l'éblouissement des lumières du dôme
M'ôte-t-il une larme ? Ah ! l'étendue a beau
Me parler, me montrer l'universel tombeau,
Les soirs sereins, les bois rêveurs, la lune amie ;
J'écoute, et je reviens à la douce endormie.
jeudi 23 juin 2011
Christian Bobin, Ressusciter, p. 139 et 140
Un matin, un médecin m'a pris à part comme on gronde un enfant sans vouloir l'humilier et m'a suggéré de mettre un peu plus de distance entre les malades et moi. Vous n'êtes pas vraiment fait pour ce métier, m'a-t-il dit en souriant. Il n'avait pas tort, même si enlever la folie du coeur d'un homme est plus un don qu'un métier. Je suis parti un peu plus tard, non sans saluer une dernière fois celui qui s'épuisait du matin au soir à chercher Dieu dans le premier venu. Qui sait. Peut-être a-t-il un jour trouvé. "
mardi 21 juin 2011
vendredi 17 juin 2011
mardi 7 juin 2011
A voir : Expo :Des lettres et des peintres.
Des lettres et des peintres (Manet, Gauguin, Matisse)
Musée des lettres et manuscrits (29 avril - 28 août 2011)
À travers la correspondance privée des plus grands peintres, le Musée des lettres et manuscrits donne à l’art des 19e et 20e siècle des couleurs inédites. Au fil de lettres touchantes où la petite histoire croise la grande, cinquante artistes nous ouvrent les coulisses de leur existence et de leur création : Monet lance auprès de ses amis impressionnistes une souscription pour offrir l’Olympia au Louvre, Manet dépeint dans une lettre à Eva Gonzalès, envoyée par ballon monté, un Paris assiégé dont les habitants affamés en viennent à manger chats et chiens, Fernand Léger écrit du front à sa fiancée, « [s]on Janot », des lettres ornées de dessins, Eugène Boudin déplore depuis Deauville un climat dont la rigueur nuit à son travail, Magritte évoque la fondation de l’Internationale Lettriste, Renoir confie à Mallarmé qu’une rage de dents retarde l’achèvement de son portrait et Dalí invite Eluard à manger du poisson à Arcachon.
Le Musée des lettres et manuscrits signe le premier anniversaire de son installation au 222 boulevard Saint-Germain par l’exposition de deux siècles d’art à travers un exceptionnel ensemble d’environ deux cents lettres des plus grands peintres qui ont traversé cette période. Manet, Gauguin, Matisse, Delacroix, Dalí et les autres… une cinquantaine de peintres tous plus célèbres les uns que les autres composent ce panorama de deux siècles d’art et d’histoire et nous ouvrent les portes de leur vie privée, amicale, amoureuse et professionnelle à travers les mots et les dessins adressés à leurs proches. Cette approche tout à fait originale touche en premier lieu la sensibilité du visiteur, éveillée par l’écriture manuscrite elle-même, mais aussi par la gamme d’émotions exprimées dans ces lignes, de l’amour à l’amitié, de l’humour à la colère, comme autant de relais des projets, des frustrations, des recherches ou des espoirs de ces artistes. Mais si l’amateur en nous d’histoires et d’anecdotes trouvera plaisir à parcourir ces missives, le féru de la grande Histoire sera lui aussi comblé : à travers ces lettres où se raconte la vie des peintres, c’est la société de leur temps, la guerre parfois, la politique, les avancées techniques et sociales qui se dévoilent à travers ces correspondances. Enfin, l’histoire de l’art bien sûr s’enrichit grâce à ces lettres de précieux documents : à travers les écrits de Pissarro à Gauguin, de Monet à Signac, de van Gogh à son marchand Durand-Ruel, de Monet à Mallarmé ou de Courbet à Victor Hugo, ce sont la passion de ces artistes, leurs convictions, quêtes et découvertes qui s’offrent à nous, enrichies souvent de dessins originaux.