dimanche 7 août 2011

dimanche 7 août 2011, sur France 2 dans l'émission 13h15

Une mission à suivre sur France 2
En avril 2011, La Chaîne de l'Espoir lance sa première mission panafricaine. Des enfants malades du cœur sont transférés de Bamako à Dakar pour être opérés par des chirurgiens africains. Ils sont accueillis par des familles d'accueil bénévoles. Un modèle de développement pour l'Afrique !Suivez cette mission dimanche 7 août 2011, sur France 2 dans l'émission 13h15

1000 cœurs du Mali au Sénégal | La Chaîne de l'Espoir

1000 cœurs du Mali au Sénégal | La Chaîne de l'Espoir

mercredi 3 août 2011


A lire. La pitié dangereuse de Stefan Zweig

La pitié dangereuse fut le seul roman de Stefan Zweig. Ecrit à la veille de la Seconde guerre mondiale, il nous présente, d'une part, le portrait d'une petite ville autrichienne en 1913, et d'une façon plus large, celui de l'Autriche toute entière peu avant la chute de l'Empire austro-hongrois, dont la capitale est encore à l'époque un carrefour de civilisations et de cultures.
Il évoque aussi, et c'est ce qui compose l'intrigue principale de l'oeuvre, le cas presque pathologique d'un jeune officier Autrichien victime de sa pitié pour une jeune femme paraplégique. Ce sentiment que l'on présente habituellement comme une vertu (la miséricorde chrétienne), devient ici le rouage essentiel du drame. 
Grand ami de Freud, Stefan Zweig s'est toujours efforcé  de développer dans son oeuvre l'aspect psychanalytique des personnages et des situations, qui devient souvent ainsi l'élément essentiel de l'intrigue, au-delà de toute considération d'ordre historique. Le joueur d'échecs, par exemple, dépeint les souffrances et les traumatismes d'un homme qui, ayant été capturé par les nazis, vécut dans un isolement total, privé de tous les objets qui composent notre existence d'être humain : une table, une chaise, un livre, du papier, un stylo. La geôle dans laquelle il est maintenu devient alors un véritable terrain expérimental : privé de toutes ces choses qui contribuent à nourrir et entraîner son esprit, qu'adviendra-t-il de cet homme ? Quels changements pourrons-nous constater en lui ? 
Pour son seul et unique roman, Zweig décrit les étapes d'une autre expérience : confronter un jeune homme au coeur tendre à la misère humaine, et lui donner les moyens de la soulager, au moins partiellement, au prix du douloureux sacrifice de sa propre existence sentimentale. Quel sera le choix de notre héros ?
"Il y a deux sortes de pitié. L'une, molle et sentimentale, qui n'est en réalité que l'impatience du coeur de se débarrasser le plus vite de la pénible émotion qui vous étreint devant la souffrance d'autrui, qui n'est pas du tout la compassion, mais un mouvement instinctif de défence de l'âme contre la souffrance étrangère. Et l'autre, la seule qui compte, la pitié non sentimentale mais créatrice, qui sait ce qu'elle veut et est décidée à persévérer jusqu'à l'extrême limite des forces humaines." (La pitié dangereuse, prologue)

L'histoire : En 1913, dans une petite ville de garnison autrichienne, Anton Hofmiller, jeune officier de cavalerie, est invité dans le château du riche Kekesfalva. Au cours de la soirée, il invite la fille de son hôte à danser, ignorant qu'elle est paralysée. Désireux de réparer sa "gaffe", Anton, pris de pitié pour l'infirme, multiplie bientôt ses visites. Edith de Kekesfalva cache de plus en plus mal l'amour que lui inspire le bel officier, qui lui ne s'aperçoit de rien, jusqu'au moment où il sera trop tard. Car est dangereuse la pitié "qui n'est en réalité que l'impatience du coeur de se débarrasser le plus vite possible de la pénible émotion qui vous étreint devant la souffrance d'autrui".

 Il s'agit sans aucun doute de la plus belle oeuvre de Stefan Zweig. L'originalité du thème, la complexité des personnages, le déroulement impitoyable du drame jusqu'à son dénouement inévitable font de ce roman un chef-d'oeuvre incontestable, tantôt émouvant, tantôt dur et cruel. On y découvre également la peinture nostalgique d'une civilisation bientôt morte et condamnée par l'histoire.

L'oeuvre de Stefan Zweig ne se laisse pas oublier. Dérangeante par la vision qu'elle donne de l'âme humaine, de ses faiblesses que l'on veut déguiser en vertus, elle nous poursuit bien après avoir achevé sa lecture. Et si l'on veut être honnête avec soi-même, il n'est pas possible de ne pas compatir aux tourments de ce jeune officier, et de partager avec lui ses indécisions et ses erreurs.
Un roman ambigu et puissant, qui frappe par son intelligence et la justesse de son analyse.

La nuit / Extrait de "On est là mais !a ne durera pas, on peut toujours sourire du reste"

Tout ce que j’avais à faire alors c’était m’ouvrir, m’offrir sans rempart à ce qui surgissait. Et tout était puissant, violent et déchiré. Rien de ce qui arrivait n’arrivait doucement. Des paquets de mer, des orages, des vents tournoyants. Des pluies torrentielles. Et quand elles ne l’étaient pas c’était du crachin à se flinguer, à tout laisser de désespoir. Parfois, cependant, les nuages se retiraient, laissant place à la lumière, mais ça ne durait jamais longtemps, et puis ça brillait trop fort, noyant le monde dans une blancheur aveuglante où tout brûlait. Il n’y avait pas de milieu, pas de petit compte ; la nuit c’était comme ça, cash. Un tumulte de songes et de rêves mêlés charriés par des fleuves en crue. Un grand poème épuisant, fantasque, ébouriffé, hirsute, traversé de folles énergies et impossible à écrire parce que les mots n’en raconteraient jamais que l’écume. Une histoire du dessous aussi, du ventre de la terre d’où remontaient des morts poussés par leurs regrets. Ils traversaient les murs de ma chambre puis s’asseyaient pour parler de leurs échecs. Ils se lamentaient de n’avoir su saisir leurs existences, d’avoir raté leur séjour ici-bas. Et toujours ils me demandaient si par bonté quelqu’un de ma connaissance qui en aurait le pouvoir et dont ils ignoraient le nom ne pourrait pas leur accorder une nouvelle chance pour prouver ce qu’ils étaient capables de faire, maintenant qu’ils savaient. Je les priais de me pardonner mais je n’avais personne dans mes relations qui puisse réaliser leur souhait. Dépités, ils s’évanouissaient doucement dans la nuit et j’entendais quelques instants encore leurs paroles désolées s’éloigner avec eux dans cette odeur de forêt humide qu’ils laissaient à leur traîne.